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du Chev. Grandisson.

Religion ; & si le Ciel accordoit d’heureux fruits à notre mariage, je promis de lui abandonner l’éducation des Filles, en me réservant celle de mes Fils, condition pour laquelle j’espérois le consentement du Pape même, parce qu’elle n’étoit pas sans exemple. C’étoit sacrifier beaucoup à la compassion, beaucoup à l’amour. Que pouvois-je de plus ?

Et trouvâtes-vous, Monsieur, trouvâtes-vous de l’opposition à ces offres, de la part de Clémentine ?

Ah ! malheureuse Fille ! c’est cette réflexion même qui fortifie ma douleur. Elle y auroit consenti : elle n’épargna rien pour obtenir le consentement de sa famille à ces conditions. Cet empressement en ma faveur, dévouée comme elle l’étoit à sa Religion, excita vivement ma reconnoissance & ma pitié. Quels tristes événemens ont succédé ! Le Pere oublia l’indulgence qu’il avoit promise. La Mere, à la vérité, sembla demeurer neutre ; & le plus jeune des trois Freres demeura ferme dans mes intérêts ; mais le Marquis, le Général, l’Évêque, & toute la Branche d’Urbino, furent inflexibles, sur-tout lorsque s’offençant de mes difficultés, ils commencerent à me traiter d’homme obscur, d’Avanturier, pour qui leur alliance étoit aussi glorieuse que la mienne l’étoit peu pour une famille si distinguée. En un mot, on me permit, on me pressa même de quitter Boulogne, sans m’accorder la liberté de dire adieu à la malheureuse