Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 2, 1763.djvu/374

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
164
Histoire

grace nécessaire à son bonheur ; la permission d’entrer dans un couvent.

On a su depuis, que son Confesseur, alarmé mal-à-propos pour sa Religion, par quelques aveux qui regardoient le Précepteur Anglois, avoit rempli cette ame tendre de terreurs qui avoient affecté sa tête. Je crois vous avoir déja dit, Mademoiselle, qu’elle est d’une piété & d’une modestie exemplaires. Mais je m’arrête trop à cette triste scene. Elle fait trop d’impression, je le vois, sur le sensible cœur de Miss Byron.

En effet, chere Lucie, croyez-vous que j’aie pu retenir mes larmes ? Non, non. Malheureuse Clémentine ! Mais je me sentois, dans ce moment, du gout pour les sujets mélancoliques, & j’ai prié Sir Charles de continuer son récit. Je vous le demande en grace, Monsieur ; continuez, lui ai-je dit. Quel cœur ne saigneroit pas d’une si déplorable avanture !

Il m’a répondu que je trouverois dans ses Lettres, que le Docteur Barlet avoit gardées, toutes les explications que je pouvois désirer ; mais qu’il alloit être plus court, pour ménager sa propre douleur.

Tous les secours de la Médecine furent tentés sans succès. Son Confesseur, qui étoit d’ailleurs homme de bien, entretenoit les terreurs qu’il avoit inspirées. Il avoit vu le Précepteur Anglois dans une haute faveur à Boulogne ; il savoit que Jeronimo s’étoit expliqué sur ce qu’il croyoit devoir à la