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du Chev. Grandisson.

craindre quelque accident pour le Cavalier, je tournai vers l’ouverture du Bois ; & je découvris bientôt un homme à terre, qui se défendoit de toutes ses forces contre deux Brigands, dont l’un s’efforçoit de boucher le passage à ses cris pendant que l’autre le poignardoit. Je sautai de ma Chaise, & je courus vers eux l’épée à la main, en criant à mes gens de me suivre, & feignant même, par la maniere dont je les appellois, qu’ils étoient en plus grand nombre autour de moi. Les Assassins prirent aussi-tôt la fuite ; & je les entendis, qui se disoient l’un à l’autre, sauvons-nous, il est mort. Cette lâcheté m’échauffant, je les poursuivis, & j’en joignis un, qui se tourna pour me présenter le bout d’une espèce d’arquebuse. Mais je fus assez prompt pour la baisser d’une main, & saisissant le Meurtrier de l’autre, je le terrassai à mes pieds. Mon espérance étoit de l’arrêter. Cependant, la vue du plus éloigné, qui retournoit au secours de son compagnon, & celle des deux autres Scélérats qui parurent tout d’un coup à cheval, me fit prendre le parti de la retraite. Mes gens accoururent vers moi bien armés, & le Postillon même avoit quitté ma Voiture pour les seconder. Alors les Braves, qui jugerent au moins le péril égal, parurent aussi contens de pouvoir se retirer, que je le fus de leur voir prendre cette résolution. Je me hâtai d’approcher du malheureux Voyageur, qui étoit étendu sur l’herbe & couvert de sang. Quelle fut ma