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du Chev. Grandisson.

elle m’auroit apporté l’Empire du Monde. J’eus le chagrin de me voir forcé de lui faire cette déclaration. Il fallut m’éloigner, pour quelque tems, de Florence. J’appris que le desir de la vengeance avoit pris la place d’une passion plus douce, & qu’il m’exposoit à quelque danger.

Combien ne regrettai-je point alors, de me voir privé de mon asyle naturel, dans le sein de ma Patrie & dans les bras de mon Pere ! Je me trouvois menacé, dans une saison si tendre, de toutes les disgraces qui peuvent être le partage d’un Banni ! aussi me considérois-je souvent dans ce jour ; & je déplorois d’autant plus ma situation, que non-seulement je n’avois point à me reprocher de m’être rendu indigne de l’affection de mon Pere, mais qu’au contraire les marques que je recevois constamment de sa bonté paternelle me faisoient souhaiter plus ardemment de pouvoir les reconnoître à ses pieds.

Devois-je empêcher ici mes yeux, chere Lucie, de montrer de la sensibilité pour cette vive expression de la tendresse filiale ? Si je le devois, je suis fâchée de n’avoir pas eu plus de pouvoir sur moi-même. Mais considérez, ma chere, combien le sujet étoit touchant.

Il a continué : cette violente Signora m’a suscité depuis divers embarras ; & jusqu’aujourd’hui… Mais je laisse au Docteur la relation de cette partie de mon Histoire. Je ne m’y suis arrêté, que pour vous donner une