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du Chev. Grandisson.

ses véritables sentimens. Cependant je suppose qu’elle préfere Mylord G… au Chevalier Watkins.

Il s’est arrêté.

Je le crois, Monsieur. Mais pourquoi dire je le crois, lorsque Miss Grandisson m’a permis de vous avouer que la préférence est entiérement pour Mylord G… ?

Êtes-vous bien persuadée, Mademoiselle, qu’elle le préfère en effet, non-seulement à M. Watkins, mais à tout autre homme ? En d’autres termes, croyez-vous qu’il n’y ait point d’homme qu’elle puisse préférer à Mylord G… ? J’ai le bonheur de sa vie fort à cœur ; d’autant plus que sa vivacité m’inquiète, & que je crains cette qualité dans une femme, de quelque agrément qu’elle puisse être avant le mariage.

J’ose assurer, Monsieur, que si Miss Grandisson ne préféroit pas Mylord G… à tout autre homme, elle ne consentiroit pas à recevoir ses soins.

Je ne m’attends point, Mademoiselle, qu’une fille du caractere de Charlotte, qui n’a pas trouvé le mérite qu’elle supposoit dans l’objet de ses premieres affections, prenne une passion fort vive pour un homme qui n’a pas des qualités extraordinaires. Elle peut à présent se faire un jeu de l’amour. Mylord G… est un homme de mérite, sans être un homme fort brillant. Les femmes ont des yeux, & les yeux veulent être satisfaits. De là vient que les dehors l’emportent souvent sur le