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du Chev. Grandisson.

Charles s’est levé ; il a pris sa main ; il a voulu savoir pourquoi son Émilie pleuroit ? Parce que vous, lui a-t-elle répondu, qui méritez si bien d’être heureux, vous ne le paroissez pas. Les tendres exemples, Lucie, sont contagieux ; j’ai eu beaucoup de peine à ne pas pleurer aussi.

Il a consolé son Émilie avec une vive bonté. Mon malheur, lui a-t-il dit, ne vient que de celui des autres. Sans cet obstacle, je serois heureux dans moi-même, parce que je m’accommode aux maux que je ne puis éviter, & que je me fais, autant qu’il est possible, une vertu de la nécessité. Mais, Charlotte, voyez combien vous nous avez rendus graves. Il est tems de quitter un sujet trop sérieux.

Il est tems de le quitter ! La derniere question lui cause quelque embarras, parce qu’elle conduit à d’autres explications, qu’il ne peut se donner actuellement à lui-même !

Quoiqu’il en soit, je vous demande, ma chere, avant que de continuer mon sujet, ce que vous croyez pouvoir conclure de tout ce que vous avez lu jusqu’ici. S’il est lui-même dans les tourmens de l’incertitude, il mérite moins de blâme que de pitié. Mais ne pensez-vous pas qu’il auroit dû nous dire, si la Dame étoit Étrangère ou non ? Comment pouvoit-il savoir quelle seroit la question qui viendroit après ?

J’ai eu l’assurance de demander ensuite à Miss Grandisson, s’il y avoit eu quelque