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du Chev. Grandisson.

tendant à quelque ouverture, sur le dessein de nous la confier en Northampton-Shire, mon cœur palpitoit de la maniere dont ce plan seroit proposé & de celle dont je devois le recevoir ; sur-tout lorsqu’on ne devoit pas supposer que j’en eusse la moindre connoissance. Qu’auroit-ce été, si j’avois eu la foiblesse de lire la Lettre ? Mais on n’a pas dit un mot qui regardât mon voyage.

Je commence à craindre, chere Lucie, qu’il n’ait changé de résolution, s’il a jamais eu cette idée. Il me semble que je souhaite plus vivement d’avoir Émilie avec nous, que je ne m’en serois jamais crue capable. Que l’apparence des choses est différente, lorsqu’elles ne sont point en notre pouvoir, & lorsque nous sommes persuadés qu’elles dépendent de nous !

Mais je ne vois pas la moindre raison d’espérer que ce qui vous flatteroit le plus arrive jamais. Je ne puis qu’y faire.

Cette petite flatteuse d’Émilie me disoit qu’elle avoit remarqué, dans ses yeux & dans ses manieres, tous les signes d’un vif attachement pour moi ! Mais je n’y vois aucun fondement. Il me paroît certain que ses affections sont engagées. Qu’il soit heureux, quels que puissent être ses engagemens ! Pendant son absence, encouragée comme je l’étois par ses Sœurs & par Mylord… je pensois assez avantageusement de moi-même : mais à présent que je l’ai devant les yeux, je lui vois tant de qualités bril-