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Histoire

fendre de l’aimer. Je me sens pour elle une vive tendresse. N’est-ce pas une foiblesse de voir sans refroidissement, dans une personne, des fautes qu’on trouveroit inexcusables dans une autre ? Non, Lucie, ne dites pas que c’en soit une, dans le cas de Miss Grandisson. Quelle différence à mes yeux ! Cependant elle vient de m’avouer qu’elle s’étoit reproché sa démarche, avant que de m’avoir apporté la Lettre, mais qu’elle avoit espéré de couvrir sa faute, en me la faisant partager. Je lui ai dit que c’étoit le rolle d’un petit Satan. Après tout, la chere Charlotte pensoit plus à m’obliger, qu’à se satisfaire elle-même. Il n’y a point d’amitié, direz-vous, qui puisse justifier une mauvaise action. J’en conviens, Lucie ; rien, rien n’est moins douteux : mais si vous connoissiez Miss Grandisson, vous l’aimeriez malgré vous.

[N. La Lettre de Sir Charles, qui fait le sujet de la précédente, est un long détail de ses affaires, dans lequel il ne s’explique néanmoins qu’à demi, parce que le Docteur, auquel il écrit, est informé du fond. Il parle des raisons pressantes, qui l’appellent en France & en Italie. Il nomme quelques Dames Étrangeres, sans faire connoître dans quelle espece de liaison il est avec elles. Il s’étend sur une Église neuve qu’il fait bâtir dans sa Terre de Grandisson, & prie le Docteur de se disposer à faire le Sermon de la Dédicace, pour lui épargner les louanges excessives qu’il craint dans la bouche de son Curé. Miss Byron est nommée plusieurs fois dans la