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du Chev. Grandisson.

cieuse approbation des deux Sœurs, il est bien doux d’avoir su vaincre sa curiosité. Miss Grandisson n’a pas laissé de parler, à Mylady, de plusieurs voyages que son Frere médite en France, pour terminer les affaires de M. Danby ; à Florence, à Boulogne, & d’une visite au Château de Grandisson, où il paroît qu’elle doit l’accompagner. Vous voyez, chere Lucie, que le tems de mon départ approche. Pourquoi ne m’a-t-on pas fait souvenir que les trois mois, qui me sont accordés, étoient prêts d’expirer ? Êtes-vous disposés à recevoir une fille, qui ne retournera pas peut-être avec le cœur qu’elle avoit apporté ? Et comment reparoître néanmoins dans une si chere famille, avec un cœur, qu’on n’y reconnoîtra plus ?

Mais quel heureux naturel, que celui de Miss Grandisson ! Vous avez vu combien elle a paru touchée de notre derniere scene. Cependant il ne lui en reste aucune trace. Un air de Clavessin l’a remise dans sa situation. Elle a commencé à badiner, avec autant de vivacité & d’enjouement, que si rien ne l’avoit chagrinée. Et moi, si je m’étois laissée engager à lire la Lettre, quelle figure aurois-je fait à mes propres yeux, pendant un mois entier ? Mais n’a-t-elle pas aussi facilement oublié la mortification que son Frere lui a causée, par la découverte de son intrigue ? Dès le même jour, ne m’a-t-elle pas fait la guerre sans pitié ? Cependant elle a des qualités charmantes. On ne peut se dé-