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Histoire

Miss Grand. Je crois, ma chere, que vous prenez le ton sérieux. Deux fois Mademoiselle tout d’une haleine ! Je ne vous le pardonne point. Vous m’entendrez lire l’endroit où il est question de vous & d’Émilie, si vous ne voulez pas le lire vous-même.

Elle se disposa aussitôt à me faire cette lecture. Non, lui dis-je, en étendant la main sur la page ; je ne veux, ni la lire, ni l’entendre. Je commence à craindre que mon courage n’ait l’occasion de s’exercer ; & tandis qu’il est encore en mon pouvoir de choisir le mal ou le bien, je ne me priverai pas de la satisfaction de penser que j’ai pris le meilleur parti, quelque sort qui puisse m’attendre. Vous me pardonnerez, Mademoiselle… Et sans achever, je me suis mise en chemin vers la porte de ma chambre, lorsqu’elle est accourue sur mes pas.

Miss Grand. Chere Henriette ! Quoi ? Vous êtes irritée contre moi ? Mais que cette fierté vous sied ! J’y vois un air de dignité qui m’impose. Qu’il est digne de la seule femme du monde que je crois comparable au meilleur des hommes ! Pardon, chere Henriette. Dites promptement que vous me pardonnez.

Miss Byr. Vous pardonner, chere miss ! Ah ! c’est du fond du cœur. Mais avez-vous pu me dire que cette Lettre n’est pas tombée entre vos mains par d’honnêtes voies, & vous pardonner à vous-même ? Hâtez-vous