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Histoire

chot. Les Amis chrétiens qu’il s’étoit faits dans la ville, reçurent défense de remuer en sa faveur ; & la rigueur fut portée jusqu’à lui interdire toute sorte de communication. Lorimer & la Courtisanne reprirent le chemin de Venise.

M. Belcher, jeune voyageur anglois, d’un mérite extraordinaire, à qui le hasard avoit fait lier connoissance avec le Chevalier Grandisson dans l’Isle de Candie, & qui avoit conçu tout d’un coup pour lui cette noble espèce d’amitié, qui est fondée sur la ressemblance des plus vertueuses inclinations, arriva vers ce tems dans Athênes. Il fut informé de la disgrace du Docteur, par un des huit Chrétiens du Tribunal. Ces vénérables Vieillards gémissoient d’une si cruelle oppression ; mais la Courtisanne ayant mêlé la Religion & l’État dans ses impostures, ils avoient le chagrin de voir subsister l’ordre qui les forçoit au silence. Un nom, que M. Belcher se souvint d’avoir entendu prononcer avec affection par son Ami, excita sur le champ tout son zele. Il se hâta de recueillir secrettement les informations ; il les fit revêtir de toute la force qu’elles pouvoient recevoir ; & sachant que le Chevalier étoit alors à Constantinople, il lui dépêcha un Exprès, chargé de ses explications, & des Pieces qu’il avoit rassemblées.

Une nouvelle si peu attendue ne causa pas moins d’étonnement que de douleur au Chevalier Grandisson. Il s’adressa aussi-tôt