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du Chev. Grandisson.

Je ne sais, chere Lucie, ce que vous penserez après avoir lu cette Lettre. Mais vous ne me demanderez point compte de l’effet qu’elle a produit sur moi.

J’aurois dû vous dire plutôt que j’ai reçu aujourd’hui la visite de M. Dean, mon cher Parrain. Il est venu nous demander à dîner, pour se rendre ce soir à Londres. Les Dames, Mylord L… & le Docteur Barlet sont charmés de cette visite. Cependant le plaisir qu’elle m’a fait est mêlé de peine. Mon Parrain m’a prise à l’écart. Il m’a pressée avec tant de force ! Sa curiosité m’a paru trop vive. Je ne lui en ai jamais tant vu pour connoître les secrets de mon cœur. Mais il doit se louer de ma franchise. Je ne me serois pas pardonné d’en manquer, pour un Ami à qui j’ai tant d’obligation. Cependant, je n’ai pas eu peu de peine à la satisfaire.

Il prétend qu’il m’a trouvée plus maigre & plus pâle, que je ne le suis ordinairement. Peut-être ne se trompe t-il pas. Je suis quelquefois dans des agitations… Je ne me reconnois pas moi-même. Sir Charles est agité aussi, par le retardement de quelques nouvelles qu’il attend des Pays Étrangers. S’il y avoit quelques défauts, quelques imperfections à lui reprocher, il me semble que je serois plus tranquille. Mais ne rien apprendre qui n’augmente mon admiration pour lui, & me trouver si sensible aux actions héroïques, en vérité, ma