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du Chev. Grandisson.

Watkins, soit de Mylord G…, en faveur de leur rang & de leur fortune ; & que de là venoient les difficultés. Là-dessus il se leva, il frappa du poing sur la table, il porta la main à son épée ; & lachant pour exorde une imprécation contre lui-même, il sembloit prêt à s’expliquer avec peu de ménagement. Je l’interrompis : Possédez-vous, Capitaine ; écoutez-moi de sang froid, s’il est possible. Je veux vous exposer la vérité nue. Lorsque j’aurai fini, vous reprendrez, si vous le jugez à propos, l’air chagrin avec lequel vous vous êtes levé, & vous verrez l’usage que vous en voulez faire. Ses Amis l’exhorterent à se calmer. Il s’assit, comme hors d’haleine, d’agitation & de colere. Mais l’enflure de ses traits se dissipa par dégrés.

« Voici la vérité pure. Tous les embarras de Miss Grandisson, dans lesquels il entroit peut-être moins de raison que de crainte, finirent avec la vie de mon Pere. Mon premier soin en arrivant fut d’assurer la fortune de mes Sœurs. Mylord L… épousa l’aînée. Mylord G… & M. Watkins se présenterent pour la seconde. On ne parla point de vous, Capitaine. Miss Grandisson s’étoit réservé son secret. Elle ne s’étoit pas même ouverte à sa Sœur. La raison qu’elle en apporte, & que vous ne pouvez ignorer, est la résolution qu’elle avoit formée de n’être jamais à vous. Je m’explique sans détour, Monsieur, & le sujet m’y oblige.