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Histoire

ce que je faisois, j’ai jeté un de mes bras autour du cou de Mylady, l’autre autour de celui de Miss Grandisson, & mon visage, que je sentois brûlant, a cherché à se cacher dans le sein de l’aînée des deux Sœurs. Elles m’ont embrassée toutes deux. Elles m’ont promis de s’unir en ma faveur. Elles m’ont dit que le Docteur Barlet n’avoit pas moins d’estime & d’amitié pour moi ; mais qu’elles avoient fait des efforts inutiles pour tirer de lui le secret de leur Frere, & qu’il les renvoyoit toujours à Sir Charles même. Enfin elles m’ont assurée que j’avois aussi pour moi toute l’affection & tous les vœux de Mylord L…

C’est une consolation, ma chere ; dirai-je que c’est même un soulagement pour mon orgueil, de voir l’opinion qu’on a de moi dans la famille ? Mais que cet orgueil est blessé, de me voir réduite à former une espèce de ligue, pour me fortifier dans le cœur d’un homme, dont personne de nous ne connoît les dispositions ni les engagemens ! Cependant, s’il se trouve, à la fin, que le plus digne de tous les cœurs soit libre, & si je parviens à m’y établir, qu’il ne soit plus question d’orgueil. Cet homme, comme ma Tante me l’écrivoit, n’est-il pas Sir Charles Grandisson ?

J’ai eu beaucoup d’empressement à demander aux deux Sœurs, puisque mes yeux leur en avoient tant appris, si leur Frere n’avoit pas eu quelque soupçon de