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du Chev. Grandisson.

soutenir leurs sels sous le nez. Mon cœur avoit été si affoibli par leurs persécutions précédentes, qu’il n’a point eu la force de résister, & j’ai laissé tomber ma tête sur l’épaule de Miss Grandisson. Cependant quelques larmes m’ayant soulagée, je leur ai demandé leur pitié. Elles m’ont promis toute leur tendresse ; & Mylady m’a pressée, au nom de leur amitié de leur ouvrir entiérement mon cœur.

J’ai pensé. J’ai réfléchi. J’ai hésité. Les expressions sembloient se refuser à ma langue. Enfin, elle s’est déliée. Si j’avois trouvé, Mesdames, quelque raison qui m’eût paru capable de m’excuser à vos yeux, le nom de Sœur que vous m’avez fait la grace de me donner dès le premier moment, m’auroit fait bannir toute réserve avec mes Sœurs. Mais à présent, néanmoins… [Je me suis arrêtée ici, & ma tête s’est panchée malgré moi.]

Mylady L… parlez donc, ma chere. Eh bien, à présent…

Miss Grand. Eh bien, à présent néanmoins…

[Ces instances m’ont encouragée. J’ai levé la tête aussi hardiment que je l’ai pu ; mais pas trop hardiment, je m’imagine.]

Miss Byr. J’avouerai que celui, dont le courage & la bonté ont engagé ma reconnoissance par le plus important des services, est en possession de tout mon cœur.

Et là, chere Lucie, sans savoir en vérité