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du Chev. Grandisson.

une fortune dont j’eusse quelque avantage à me promettre, qui m’ont fait prêter l’oreille au Capitaine Anderson.

Sir Ch. Triste souvenir ! Mais jettons les yeux sur un avenir plus heureux. Je verrai M. Anderson. Si dans quelques-unes de ses Lettres il a pris un ton trop fier avec ma Sœur, vous ne devez pas me les montrer. Ce n’est pas curiosité, c’est le seul desir de vous servir, qui me fait souhaiter de les voir. Cependant il faut me communiquer tout ce qui est essentiel à votre situation, afin qu’il ne puisse rien me dire que je ne sache point de vous-même, & dont je puisse tirer des inductions en sa faveur. Je vous assure que je lui accorderai tout ce que je croirai devoir à la justice ; & vous verrez, chere Sœur, que si vos Lettres étoient celles de deux Amans passionnés, vous n’auriez rien à craindre de ma censure. Je n’ai point de sévérité pour les foiblesses du cœur. Nos passions produisent quelquefois d’excellens fruits. Comptez, Mesdames, [en nous regardant toutes trois,] que la philosophie de votre Frere n’est pas le Stoïcisme.

Oui, sir Charles ? ai-je dit en moi-même. Vraiment… auriez-vous été amoureux ? Je ne sais, chere Lucie, si je devois en être bien aise ou fâchée. Mais, après tout, n’est-il pas bien étrange, que ses avantures, dans les Pays étrangers, soient si peu connues ? On lui entend dire néanmoins, qu’il n’est pas fâché que sa Sœur ait marqué de la curiosité là-dessus. Si j’étois à la place de ses Sœurs, il