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du Chev. Grandisson.

d’en exiger l’exécution ? Je dois connoître mon sexe ; & j’aurois peu profité des occasions, si je ne connoissois un peu le monde. Nous avons appris de ma Sœur les raisons qui l’ont empêchée de lier le Capitaine par le même engagement : elle ne l’estimoit pas assez pour lui imposer cette loi. N’est-ce pas précisément le malheur de M. Anderson ?

Charlotte appréhende quelque blâme sur ce point. Mais considérons quelle étoit sa situation. Je n’en répéterois pas les circonstances ; il est douloureux pour moi que mes Sœurs ayent pu s’y trouver. À l’égard de l’artifice du Capitaine, pour se faire valoir par la main d’un autre, je conviens que c’est un sujet de mépris aux yeux d’une femme qui se fait honneur elle-même de bien écrire. Mais de quoi n’est-on pas capable, pour arriver au point où le cœur se fixe ? Cette méthode n’est pas nouvelle. On rapporte qu’une Dame célebre s’en servit heureusement pour obtenir la faveur d’un grand Monarque, aux dépens d’une autre Dame qui employoit ses services. Concluons seulement que les femmes doivent être bien sûres de leur choix, avant que d’accorder leur confiance aux hommes. Mylady le haïroit, pour avoir exposé la réputation… Elle me permettra de répondre, qu’une femme qui ne veut pas être exposée, ne doit jamais se livrer à la discrétion d’autrui. Ô Miss Byron ! [en se tournant vers moi, qui n’étois que trop