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du Chev. Grandisson.

hardiesse, ou plutôt assez d’humilité, pour faire l’ouverture de ma situation à personne au monde. Cependant Miss Byron sait que, dès les premiers tems de notre connoissance, je lui ai fait quelques plaintes de mes embarras ; car je ne pouvois, avec justice, leur donner le nom d’amour.

Sir Ch. Charmante franchise ! Que je vois briller de vertu au travers de vos erreurs !

Miss Grand. J’admire la bonté de mon Frere. Il me semble que mon plus grand malheur est d’avoir redouté trop long-tems les communications, qui étoient le seul moyen de sortir de l’abîme où je m’étois plongée. Si je vous avois mieux connu, Monsieur, pendant les cinq ou six dernieres années de ma vie ; s’il m’avoit été permis d’entretenir avec vous une correspondance de Lettres ; je n’aurois pas fait un pas sans votre approbation.

Vous savez à présent tous les secrets de mon cœur. Je n’ai point exagéré les torts de M. Anderson, & je n’en ai pas eu le dessein. Il me suffit d’avoir eu quelques vues sérieuses en sa faveur, pour me croire obligée de lui souhaiter toutes sortes de biens, quoiqu’il n’ait pas soutenu l’opinion que je m’étois formée de lui. Je dois ajouter, néanmoins, que son humeur est emportée, violente, & que dans les derniers tems je ne l’ai jamais vu qu’avec répugnance. J’avois promis, à la vérité, de le voir,