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Histoire

dame Oldham ? Comment reçut-elle ce discours ?

Notre chere Henriette, a répondu Miss Charlotte, prend un étrange intérêt à l’Histoire de Madame Oldham. Il faut satisfaire son empressement. Mais… elle pleura beaucoup, comme vous n’en doutez pas. Elle joignit les mains. Elle se mit même à genoux, pour prier le Ciel de le bénir, lui & tout ce qui lui appartenoit. Elle ne pouvoit faire autrement.

Voyez, Lucie ! Mais je demande à tout le monde si je suis blâmable. La plus rigoureuse vertu défend-elle d’être attendrie d’une histoire de cette nature ? N’inspire-t-elle pas elle-même de la pitié pour ceux qui ont eu le malheur d’oublier leur devoir ? Oui, j’en suis sûre ; & je ne le suis pas moins que Sir Grandisson ; & tous mes chers Parens en jugent de même. Je me regardois, il n’y a pas long-tems, comme une fille fort médiocre, en comparaison de ces deux Sœurs ; mais je commence à croire que je les vaux sur plusieurs points. À la vérité, elles n’ont point une Grand-maman, une Tante, telles que j’ai le bonheur d’en avoir. Elles ont perdu dans leur enfance une excellente Mere ; & leur Frere n’est pas ici depuis long-tems. Son mérite, qui est venu répandre tout d’un coup le plus vif éclat, produit l’effet du Soleil, pour faire observer des taches & des imperfections, qu’on auroit eu peine à découvrir avant son retour.