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D’aucuns même, nous en sommes persuadé, ne seront pas loin d’admettre que ce livre est toute une révélation, et qu’il renferme la solution du problème qui se posait depuis un siècle.

L’on sait quelles impressions profondes produisent sur l’enfant les récits du foyer, surtout lorsque ces récits sont tout pleins d’éléments dramatiques. Et si les événements qu’il entend raconter furent personnels aux auteurs de ses jours, ils prennent à ses yeux des proportions démesurées et s’enracinent à jamais dans son esprit. Ainsi en fût-il pour moi des événements qui ont précédé, accompagné et suivi la déportation des Acadiens. C’est sur les genoux de ma mère[1] qu’ils m’ont été cent fois contés ; et les larmes que souvent ils m’ont fait verser suffiraient seules à en perpétuer en moi le souvenir. Toute mon enfance s’est écoulée au sein d’une population acadienne. Alors vivaient encore les fils de ceux qui avaient été déportés ; ces souvenirs étaient frais dans leur mémoire ; et chaque famille pouvait recomposer la série de ses malheurs, depuis le départ de Grand-Pré, Beaubassin ou Port-Royal, jusqu’au moment de son établissement définitif en Canada[2].

  1. Marie-Hermine le Prince, née à St-Grégoire de Nicolet, le 14 janvier 1818, était fille de Joseph le Prince, — frère de Mgr  Jean-Charles le Prince, d’abord coadjuteur de Montréal, puis premier évêque de St-Hyacinthe, — et de Julie Doucet. Elle était sœur de ma mère Elizabeth-Esther le Prince. Le 14 janvier 1841, elle épousa à St Grégoire Louis Richard qui, cette même année, s’établit à Stanfold comme marchand et y demeura jusqu’à sa mort arrivée le 13 novembre 1876. Il avait été fait Conseiller Législatif au Parlement de Québec en 1874. Hermine le Prince mourut à l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska le 13 décembre 1899 et fut inhumée à Victoriaville.
  2. « J’ai encore un vieil oncle — Raphaël Richard — qui se rappelle très-nettement avoir entendu son aïeul raconter les incidents de la déportation dont il avait été lui-même victime à l’âge de onze ans. »

    Raphaël Richard était le frère de Louis Richard, père de l’auteur d’Acadie.