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paysans simples et ignorants, prospères dans leur petite vie bien humble, et heureux quand les rivalités de leurs maîtres cessaient de les inquiéter, encore qu’ils fussent toujours à se quereller les uns avec les autres, à propos des limites incertaines de leurs terres, lesquelles n’avaient jamais été arpentées d’une manière officielle[1]. » Mais, comment des difficultés au sujet des bornes de leurs propriétés, ne fussent-elles pas survenues au sein de ces pauvres colons, quand ils s’étaient multipliés au point que leur nombre avait quintuplé en trente ans ? Quand leurs terres avaient subi de tels morcellements qu’il n’en restait plus à chacun que des parcelles ? Quand le gouvernement ne s’était jamais donné la peine de faire arpenter ces terres pour en définir exactement les limites ? N’est-il pas permis de supposer qu’Armstrong se livre ici, sur le dos des Acadiens, à l’une de ces violences de langage qui lui étaient familières, qu’il grossit à plaisir un fait qui était vrai dans son fond ? Et pourquoi Parkman, qui trace avec tant d’insistance le caractère des Acadiens, dans le but mal déguisé de détruire le verdict de l’histoire sur leur compte, néglige-t-il, d’une façon générale, de nous peindre les gouverneurs anglais ? Il avait là, pourtant, d’excellents « modèles » propres à tenter son pinceau. Que ne nous a-t-il laissé, lui dont la main était si souple et le regard si pénétrant, une galerie complète de ces augustes fonctionnaires ? La postérité lui en eût été reconnaissante. Quand on a le jugement dont il se

  1. « They were all alike a simple and ignorant peasantry, prosperous in their humble way,… though vexed with incessant quarrels among themselves, arising from the unsettled boundaries of their lands, which had never been properly surveyed. » — A half-century of Conflict. Vol I, ch. IX. Louisbourg and Acadia, p. 199.