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ner sans parti pris la question des rapports d’Armstrong avec le clergé. Que l’on ne s’imagine pas que nous nous laisserons influencer, en cette délicate matière, par des idées préconçues. Nous faisons œuvre d’historien ; nous verserons au débat le pour et le contre. Et si la réputation d’Armstrong sort amoindrie de cette discussion impartiale, à base de documents, il ne faudra pas en accuser nos préjugés d’éducation, nos sympathies ou nos antipathies religieuses. C’est la vérité seule qui va prononcer.

M. de Breslay, curé d’Annapolis, est le premier prêtre avec qui Armstrong ait eu des difficultés[1]. Tout ce que nous

  1. Charles-René de Breslay, naquit en 1658, d’une famille remarquable du Maine. À l’âge de 21 ans, il entra à la cour de Louis XIV, en qualité de « gentilhomme servant de la chambre du roi ». Après avoir rempli cette charge honorifique pendant dix ans, il entra au séminaire de St-Sulpice, où il résolut, en 1689, de se préparer à la carrière sacerdotale. Le 1er  février 1694, il fut affilié à la Cie de St-Sulpice et demanda à passer dans la Nouvelle-France, pour laquelle il s’embarqua le 3 avril, et où il arriva seulement après une rude traversée de quatre mois. À Montréal, tout en s’occupant du ministère, il étudia la langue algonquine, travailla à réprimer l’abus des boissons spiritueuses, prit part à la construction du canal Lachine, que son Supérieur, M. Dollier de Casson, avait fait ouvrir dès l’année 1692. En 1703, fut nommé curé de la paroisse St-Louis, à Montréal. Fonda une mission isolée pour les Sauvages dans les îles de Vaudreuil. L’église, le presbytère, et le centre de la mission furent établis à l’Île-aux-Tourtes. Cette mission remplaça celle de la baie d’Urfè, près du lac Ontario. M. de Breslay s’y dévoua pendant 16 ans. En 1714, il fonda la paroisse de Ste-Anne-du-Bout-de-l’Île. Il ne put s’entendre avec le gouv.-gén. M. de Vaudreuil, au sujet de la vente de l’eau-de-vie aux Sauvages, que celui-ci persistait à autoriser, et en 1720, passa à l’Île Saint-Jean, (Prince-Édouard.) Il avait alors 62 ans. Il y séjourna 3 ans après lesquels l’évêque de Québec le nomma curé de Beaubassin, (Amherst), où il bâtit une église dédiée à Sainte-Anne, laquelle fut incendiée en 1750. La pierre d’autel que l’on retira des décombres est conservée au musée du collège St-Joseph de Memramcook. En 1724, M. de Breslay est employé aux missions de Louisbourg. De là il passa à Port-Royal, dont il desservit la paroisse en remplacement des Récollets qui retournaient à Louisbourg. L’église et le presbytère de Port-Royal avaient été détruits : empêchements sont mis par les gouverneurs à leur reconstruction. Le Conseil d’État assigna à l’abbé de Breslay pour presbytère et