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fut convaincu que son idée était impraticable, du moins pour le moment, il accorda aux Acadiens une compensation en leur concédant, et cela spontanément, le privilège de nommer des députés. Les pouvoirs et les attributions de ces députés étaient à peu près nuls : tout de même la création de cette sorte d’assemblée populaire élective procédait d’un principe sage et désintéressé ; elle donna d’excellents résultats sous le successeur d’Armstrong. Nous ne saurions omettre de pareils faits, qui sont tout au crédit de ce personnage, mais qui ne rachètent pourtant pas ses bouffonneries administratives, ses fourberies, ses inqualifiables duretés. Armstrong se mit à dos tous ceux qui l’entouraient, le major Cosby, le secrétaire de son conseil, des marchands, des Acadiens, des prêtres, et même Philipps, qu’il avait tout intérêt à ménager, certes. Son autorité était tombée dans un tel discrédit, qu’un négociant d’Annapolis osa l’insulter publiquement, et que son propre serviteur se livra sur lui à des voies de faits. Pareilles choses n’arrivent pas à celui qui gouverne avec dignité et avec justice. Rien ne nous fait mieux juger d’Armstrong que ses relations avec Maugeant. Chassé par Philipps à cause de ses tristes antécédents et des menées qui l’avaient rendu détestable à tous, cet homme, que recherchait la justice de son pays, enjôla si bien Armstrong que celui-ci l’emmena avec lui en Angleterre, en fit son compagnon et son aviseur ; et, malgré les ordres de Philipps, le ramena en Acadie et le retint auprès de sa personne jusqu’à sa mort. Comment, après des faits semblables, s’étonner que le prestige du lieutenant-gouverneur ait été ruiné ?

Les documents que nous avons produits ne couvrent qu’une faible partie de l’administration d’Armstrong. Nous n’avons rien dit des sept dernières années de sa vie, laquelle se termina par une fin si tragique. Le fait est qu’il y a peu de do-