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Il serait difficile de contester l’importance du document que nous venons de citer. Nous pourrions y ajouter le fait assez significatif qu’à partir de 1730, les Acadiens furent communément désignés sous le nom de French Neutrals, Neutres Français. C’est ainsi qu’ils sont appelés dans les documents officiels émanés des gouverneurs de la Province et des Seigneurs du commerce. Et donc, prétendre, comme le fait Akins, que le serment qu’ils avaient prêté n’était pas conditionnel, ce serait détruire tout le sens de cette dénomination, raisonner dans l’absurde. Cela ne gêne pourtant pas le hardi compilateur. De la page 263 à la page 267 de son ouvrage, il met en note une verbeuse dissertation, à seule fin de prouver que cette neutralité des Acadiens était un mythe, puisqu’elle ne reposait sur rien. Donnons quelques extraits de cette tirade où les textes sont violentés et défigurés de la plus étrange façon : « À son retour à Annapolis, en 1730, le gouverneur Philipps amena le peuple à prendre enfin un serment sans condition, et, dit Mascarene, ce serment fut pris par tous les habitants mâles de la province que leur âge rendait aptes à contracter un tel engagement ; il ajoute que le mot fidèle, qui était placé dans le corps du serment, le fit appeler par les Acadiens le serment de fidélité[1]. »

    Alexandre Bourg, de la Grand-Prée, était l’agent officiel du gouverneur Philipps. » Rameau, Une Colonie, etc. Tome II, p. 53, et aux Pièces Justificatives, 4e série, p. 362. Ce certificat a été extrait par Rameau du ministère des Aff. Étrangères, à Paris, le 15 février 1887, avec d’autres documents.

    Arch. du min. des Aff. Étr., (Angleterre, t. 448, nov.-déc. 1762, folio 218, t. 449, janvier-février 1763, folio 340.)

  1. N. S. Archives, p. 267. — Voici la formule du serment prêté en 1730 : elle se trouve à la page 84 de l’ouvrage de Akins : « Je promets et jure sincèrement en foi de chrétien que je serai entièrement fidèle, et obéirai vraiment Sa Majesté le Roy George le Second, que je reconnoi pour le Souvrain Seigneur de l’Accadie ou Nouvelle Écosse. Ainsi Dieu me soit en aide. »