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son régiment, un lieutenant étranger, et trois ou quatre marchands Bostoniens. Qu’il eût des ennemis en Acadie, on le comprendrait ; que les habitants français ou leurs missionnaires l’eussent pris en aversion, c’était tout naturel, après les procédés dont il avait usé à leur égard. Mais que des officiers anglais, des marchands lointains lui fussent également hostiles, voilà qui étonne. Et l’on se dit que le caractère de cet homme devait avoir quelque chose d’odieux, pour provoquer ainsi l’animadversion et la haine, des centaines de milles à la ronde, et chez ses propres compatriotes. Que si même ces derniers ne pouvaient pas le supporter, qu’était-ce donc des Acadiens ?

Non rebuté toutefois par l’insuccès qu’avaient éprouvé Bennett et Philipps, Armstrong voulut revenir à la charge, et délégua à nouveau auprès des Acadiens des Mines et de Beaubassin un jeune officier de la garnison appelé Robert Wroth, qu’il avait muni d’instructions détaillées sur la manière dont il devait s’y prendre pour arriver à ses fins. Wroth devait d’abord proclamer l’avènement de Sa Majesté Georges II et le célébrer par des réjouissances publiques ; après quoi il devait présenter à la signature des habitants le texte de la dite proclamation. Puis, le moment propice arrivé, la formule du serment légal leur serait soumise : « Je veux, disait Armstrong dans un style grossièrement machiavélique, que tout en affectant un certain air d’indifférence à cet égard, vous ne manquiez pas cependant d’exercer sur ces sujets une véritable pression pour les engager à remplir leur devoir ; vous leur représenterez que la Divine Providence, par des voies imprévues, leur a donné l’occasion de réparer les erreurs qu’ils ont commises le printemps dernier, et par là de rentrer en grâce avec le gouvernement et de se sauver d’une ruine imminente… » Le gouverneur