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ouvrage, avait résolu, tout comme son prédécesseur, de garder si possible les Acadiens dans la province. Cet homme, plein de ressources, énergique, pervers, entêté, sans scrupules, se conduisit, même à l’égard des officiers et des soldats anglais, d’une manière inexplicable, qui souleva contre lui leur plus profonde indignation. Son attitude à l’égard des Acadiens fut encore pire. Costebelle n’ayant pas tenu sa promesse de leur envoyer des vaisseaux pour les transporter à l’Île Royale, ils s’en construisirent eux-mêmes, et les autorités françaises de Louisbourg leur firent venir tout ce qu’il fallait pour les gréér. Nicholson ordonna que tous ces agrès fussent renvoyés d’où ils venaient, leur défendit de vendre leurs terres et leurs maisons, — mesure bien inutile puisqu’il ne se trouvait personne pour les acheter, — et ne leur permit même pas de disposer de leurs effets personnels, — empêchant ainsi froidement l’exécution du Traité d’Utrecht et de la lettre de la reine Anne. Nicholson ne demeura pas longtemps à Annapolis, où il laissa pour le remplacer, durant la plus grande partie de son terme d’office, Caulfield et plus tard Doucet : ces deux députés dénoncèrent carrément la conduite générale de leur chef, mais suivirent son exemple, à un degré ou à un autre, en entravant autant qu’ils le purent l’exode des Acadiens[1]. »

Le sens général de ce passage est conforme à la vérité, encore qu’il ne soit pas, au point de vue des faits, rigoureusement exact. Ainsi Nicholson n’ordonna pas de renvoyer à Louisbourg les agrès, pour la bonne raison que les Acadiens ne les avaient pas reçus, étant donné la défense qui leur avait été faite de s’en procurer là où ailleurs ; il n’em-

  1. A Half-Century of Conflict. Vol. I. (Boston, Little, Brown & Co., 1909.) Ch. IX, 1712-1749. Louisbourg and Acadia, p. 195-96.