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parut d’abord convenir de tout, mais, sous prétexte d’en référer à la reine, il finit par tout refuser. Il fallait vraiment que cet homme eût une dose peu commune d’effronterie pour passer outre aux ordres formels de sa Souveraine. Or, nous avons la preuve qu’il ne craignît pas de le faire et de violer ouvertement les obligations de son mandat. Cette preuve est contenue dans le document que voici et qui est le compte-rendu officiel de la mission remplie par de la Ronde et Pensens :

« En 1714, les sieurs de la Ronde et Pensens, capitaines, furent envoyés à l’Acadie pour obtenir de M. de Nicholson une liberté pour les Acadiens de se retirer avec leurs bestiaux et leurs grains à l’Ile Royale. M. de Nicholson permit à ces officiers de faire assembler les habitants pour savoir leurs intentions. Ils déclarèrent tous qu’ils voulaient retourner à leur légitime souverain. Il fut demandé à M. Nicholson que conformément à l’article quatorze du traité de paix, ces habitants eussent l’espace d’une année pour rester sur leurs biens sans empêchement ; qu’il leur fût permis, pendant ce temps, de transporter leurs grains et leurs bestiaux, de construire des bâtiments pour le transport de leurs effets et de recevoir de France des agrès et des apparaux pour ceux qui seroient bâtis. Ces deux articles furent renvoyés à la décision de la Reine. On demanda encore qu’il leur fut permis de vendre leurs habitations ou de laisser procuration. Il fut répondu à cet article remis à la Reine, de plus renvoyé à sa lettre qui doit en être un sûr garant. M.

    les laissait libres de garder leurs biens, ou d’en disposer à leur gré s’ils préféraient quitter le pays dans l’espace de l’année. Tous, comme un seul homme, choisirent cette dernière alternative. They, to a man, chose the last… — N. S. doc. p. 158.