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tête de fille. Le gouvernement anglais, éclairé par ces habiles manœuvres, songea alors à se débarrasser de ses prisonniers de toute nature, en réalisant un double bénéfice ; en les déportant, en effet, on s’épargnait les frais de leur entretien, et en vendant leurs services à titre d’engagement, on se procurait de l’argent. Ces envois furent fréquents, et cette déportation des criminels conduisit bientôt, par extension, à la déportation de tout ce qui était qualifié prisonnier ; on joignit aux prisonniers ordinaires les prisonniers politiques, et les dissensions civiles de l’Angleterre devinrent une des sources les plus importantes qui alimentèrent l’immigration d’Angleterre en Virginie : commerce honteux qui s’étendit peu à peu dans les autres colonies et jusque dans la Nouvelle-Angleterre :

« Ce trafic d’hommes de race anglaise devint si commun, dit encore Bancroft, que non seulement les Écossais faits prisonniers à la bataille de Dunbar furent expédiés en Amérique pour y être réduits en servitude, mais encore les royaux qui tombèrent au pouvoir des parlementaires à la bataille de Worcester, ainsi que les chefs de l’insurrection de Penruddoc, furent embarqués pour les colonies. En Irlande, les exportations de catholiques irlandais étaient nombreuses et fréquentes, et accompagnées de traitements si cruels qu’ils le cédaient à peine aux atrocités de la traite africaine. En 1685, près de mille prisonniers, compromis dans l’insurrection de Monmouth, furent condamnés à la déportation ; et aussitôt plusieurs hommes influents à la cour se disputèrent cette proie, comme une marchandise de grand profit. »[1]

  1. . « So usual was this manner of dealing in Englishmen, that not Scots only, who were taken in the field of Dunbar, were sent into involuntary servitude in New England, but the royalist prisoners of the battle of Worcester,