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ç’allait être un déluge de sang, prélude de nombreux essais infructueux pour recouvrer les libertés populaires, de réactions violentes déchaînées par les colères et les haines, avec des alternatives de gloires et d’humiliations.

L’Angleterre seule eut le bonheur de conserver la somme de ses privilèges. Ce n’est peut-être pas qu’au dix-septième siècle elle fut déjà parvenue à un degré de sagesse et de maturité qui la distinguait des autres nations. Mais sa position insulaire, et d’autres causes tenant plus du hasard que de la volonté humaine, l’ont sauvée du naufrage dans lequel sombrait partout la liberté des peuples.

« L’Angleterre, a dit Macaulay, a échappé à l’absolutisme, mais il s’en est fallu de bien peu qu’elle n’y tombât. »[1]

    inconvenance. La nouveauté de sa visite, c’est qu’il se présenta en tenue familière et défendit les délibérations sans observer les formes accoutumées. Aussi le Parlement envoya-t-il à Vincennes une députation se plaindre que Sa Majesté eût procédé « d’une façon étrange et fort éloignée de celle de ses prédécesseurs ». La députation fut très bien reçue, même le Parlement continua l’examen des édits, et Mazarin, après l’avoir menacé du « dernier orage, » céda sur quelques points. Encore à la fin de mai, les chambres s’assemblèrent et décidèrent qu’il serait fait des remontrances, qu’elles ne firent pas, il est vrai. »

    Ernest Lavisse, loc. cit. Liv. I, c. II, par. VI, page 63.

    Quant au mot prêté à Louis XV, l’histoire ne dit pas que ce monarque l’ait prononcé ni surtout inventé. On l’attribue plutôt à Madame de Pompadour. C’est peut-être un proverbe vieux comme le monde. Mais il peint bien la mentalité qui a caractérisé le triste règne de Louis XV. Les historiens les plus sérieux nous parlent de « l’indifférence » de ce roi à l’égard des questions qui intéressaient le plus l’avenir de la France.

  1. Thomas Babington, lord Macaulay, né à Rothley-Temple, en 1800, mort à Holly-Lodge, en 1859. Il est surtout célèbre par son Histoire d’Angleterre (1848) qui resta inachevée, mais qui, néanmoins, est un admirable monument. Il y déploie son érudition avec une aisance et une vigueur parfaites. Les autres écrits de Macaulay, en particulier ses Essais, sont aussi d’une lecture extrêmement attachante. Le style de cet auteur a une harmonie, une richesse d’images, qui l’apparente à celui de Chateaubriand. Richard emprunte à Macaulay (cf. Tome II de son Histoire d’Angleterre, ad finem, ) le sens général des belles considérations qu’il développe ici.