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ce qui était français et catholique, et du fait que les soldats avaient à peu près toute liberté d’agir selon leurs inclinations, l’expérience de l’histoire est là pour nous démontrer qu’il a dû se passer des scènes beaucoup plus révoltantes que celles qui ont trouvé place dans le Journal de Winslow. Ce dut être pour mettre un terme à des excès de cette nature que ce dernier ordonna aux soldats et matelots, sous peine de châtiments sévères, de ne plus s’absenter sans permission de leurs quartiers, « car il importe de mettre un terme à des actes qui ajoutent à la détresse de cette population[1] ».

  1. Richard a beau dire, le Journal même de Winslow renferme la preuve que des actes de cruauté, que la déportation ne rendait pas du tout nécessaires, ont été commis à cette occasion. Était-il nécessaire, par exemple, de pousser ces gens sur le rivage à coup de crosses de fusils et de baïonnettes ? Était-il nécessaire de brûler sous leurs yeux leurs maisons et leurs effets et de semer la plus complète dévastation là où auparavant régnait l’aisance ? Était-il nécessaire de démembrer les familles ? Et quand l’auteur d’Acadie en appelle à l’expérience de l’histoire pour conclure que des cruautés ont dû se passer, il prend des détours inutiles pour laisser supposer des choses dont la réalité crève les yeux. L’ordre dont il parle, et qui fut porté par Winslow, venait précisément de ce que les soldats et matelots avaient commis contre la population des actes de barbarie injustifiables à tous les points. Voici l’extrait de son Journal d’où est tirée la citation que fait Richard :

    « Camp at Grand Prée. October 13th 1755.

    « Whereas complaint has been made to me by the french Inhabitants that they are greatly injured as well by seamen as people who come after their cattle, etc. These are therefore to direct that no seaman without the master of the vessels being with him, or an order in writing from the master shewing their business be allowed to pass higher than the Dutchman’s house nor on the other side of the River Gaspercau, nor any Englishmen nor Dutchman stir from their quarters without orders, that an end may be put to distressing this distressed people, and I have given directions to all marching partys and patrols to pick up all such people as disobey these orders, and bring them to camp that they may receive military punishment, and the masters of vessels seve-