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« Fort Édouard, 12 octobre 1755.

« … Dieu merci ! Les transports sont enfin arrivés… Aussitôt que j’aurai expédié mes gueux (rascals,) je descendrai vous voir, et nous pourrons nous donner un peu de bon temps. »

« Au colonel John Winslow[1] … »


En justice pour Winslow, nous reproduisons de préférence les extraits de son journal qui nous le montrent sous l’aspect le plus favorable. Le hideux occupe une si large place dans ces événements que l’on recherche involontairement ce qui présente au moins l’apparence de sentiments humains. Il ne faut pas se montrer difficile : pareils sentiments sont si rares. Tels quels, ils rafraichissent l’âme, ils réjouissent la vue, comme fait une oasis au milieu des sables brûlants du désert. On soupire après eux ; on en a besoin, comme le plongeur a besoin de venir remplir ses poumons d’une bouffée d’air pur avant de redescendre dans les abîmes. Cependant, il convient aussi de bien faire voir quel ignoble personnage était cet Alexandre Murray, qui, depuis plusieurs années, avait charge de ce district, le plus populeux de l’Acadie. Ses lettres se terminent invariablement[2] par une chaleureuse expression de son désir de boire et de se divertir. Prebble, lui, s’il n’oublie jamais les jouissances qu’il espère se donner, « the good things of this world  », — n’oublie pas non plus les choses spirituelles, quoique ce soit

  1. Journal. P.170-171
  2. Invariablement est exagéré.