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livres ; avec les secours que vous pourriés nous envoyer nous serions à même d’attendre les envois du Canada.

Je vous ai déjà marqué que nous sommes dans ces quartiers environ deux cent cinquante familles, vous jugerés par là aisément de la quantité de l’envoy dont nous avons besoin en attendant un plus abondant.

Je m’apperçois que ce Mémoire est bien étendu, il me reste cependant à détailler quelques nouvelles qui pourront paroître de quelque conséquence regardant quelques desseins que l’Anglois laisse entrevoir pour ce printemps.

Je le tiens de Pierre Suret dont j’ai déjà fait mention. Cet homme étoit cy devant Capitaine de Milice à Petcoudiac, il a de l’esprit, raisonne fort bien est dans des conjonctures délicates. L’Anglois l’avoit gardé cet hiver au fort comme un homme d’esprit bien au fait du païs et qui pouvoit leur être utile. Sa conversation agréable luy a donné un accès facile auprès de Monsieur Scot qui s’en croyant assuré lui parloit assés ouvertement, il sçait la langue angloise et entroit par là en conversation avec tout le monde qui s’est accoutumé insensiblement à n’avoir plus de réserve vis à vis de luy.

Il s’est échapé de Beauséjour le vingt six du mois passé, quatre jours après il est venu nous joindre, et nous a rapporté ce qui suit :

(a) Il faut se souvenir en général que Messieurs les Anglois sont fort dans le goût de s’en faire à croire. (a)

Monsieur Scot continue de commander à Beauséjour. J’ai lieu de penser qu’il est connu à Louisbourg ; j’aurois pû sans cela détailler icy les différents traits que j’ai démeslés dans son caractère.

De cet officier je dirai simplement en passant, qu’on le regarde avec quelque raison comme l’auteur de la plupart des desseins qui concernent l’Accadie.

Il n’y a dans les trois forts de Beauséjour de Mezagoueche et de Gasparaux qu’environ cinq cents hommes tout compris la milice et la troupe réglée. On les a distribués assez également pour la garde de ces trois Places.

La plus considérable sortie que l’Anglois aye pu faire cet hiver en réunisant les forces de Beauséjour et de Mesagoueche n’étoit que de deux cent trente huit hosmmes.

Monsieur Scot a ordre de faire partir bientôt un certain nombre de ses Miliciens pour aller renforcer la garnison Chibouctou.

Cet officier a dit qu’à l’ouverture du printemps il viendra douze cents hommes dans ces quartiers pour donner entièrement la chasse aux nations Sauvages et se saisir des Accadiens qui s’y tiennent cachés, qu’il y aura de bon printemps pour cet effet des Corsaires vers Gedaic et vers les embouchures de la Rivière Saint Jean par où on sçait que les Accadiens des Mines et du Port Royal doivent se sauver.

(a) Nous comptons faire la garde pour nous deffendre ou fuir en cas de besoin. Ce dernier parti ne nous sera pas autrement difficile par le moyen des canots et l’avantage des lieux.

Il seroit à souhaiter aussy que quelqu’une de nos frégates croisât quelque