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de Port-Royal ou rivière Annapolis dans laquelle ils déclarent qu’ils sont prêts à prêter le serment de fidélité. Il y a aussi avec d’autres pièces importantes, savoir : les listes des habitants des districts de la rivière Annapolis, des Mines, de Piziquid, de Cobequid et de Beaubassin qui prêtèrent le serment en décembre 1729 et en avril 1730.

Dans les premiers jours de mai de l’année 1750, le colonel Lawrence partit d’Halifax avec ses soldats pour déloger de la pointe-à-Beauséjour et des autres endroits de l’isthme de Chignictou, le détachement canadien envoyé de Québec, l’année précédente pour conserver ce territoire que la France prétendait n’avoir pas cédé à l’Angleterre par le traité d’Utretcht. À l’approche de Lawrence, presque tous les habitants du riche district de Beaubassin abandonnèrent leurs fermes et traversèrent la petite rivière Mesagouèche pour se mettre sous la protection du Chevalier de la Corne.

Immédiatement après leur départ, les Micmacs mirent le feu aux habitations des Acadiens et incendièrent l’église avec trois cents maisons.

Lawrence n’attaqua pas La Corne et retourna immédiatement à Halifax. Il revint au mois de septembre de la même année et sur les ruines du village de Beaubassin, il érigea un fort auquel fut donné son nom. À cette seconde approche de Lawrence, les habitants qui étaient resté sur leurs fermes, les abandonnèrent et se réfugièrent sur l’isthme. C’est ainsi que cinq ans avant le « Grand dérangement », furent abandonnés les villages florissants ci-après : Beaubassin ou Messagouche, Les Planches, La Butte, Veschtock, la rivière de Nampaune, la rivière de Mainkanne, la rivière des Mines ou des Hébert et Menoudy.

Dans les documents anglais, ces Acadiens sont appelés « habitants désertés » et dans les documents français « habitants réfugiés ». Durant l’été de 1751, Franquet fit un « dénombrement des habitants réfugiés de chaque village et auxquels le Roy fournit les Vivres », qui démontre que la population atteignait le chiffre de 1, 056 âmes, savoir : 153 hommes, 148 femmes et 655 enfants.

Au printemps de 1750, la population du district de Beaubassin atteignait avant le départ des Acadiens, le chiffre de 2, 000 âmes environ. Il est donc évident qu’à l’époque du dénombrement de Franquet, plusieurs centaines d’habitants avaient déjà émigré à l’île St-Jean et un certain nombre à l’île Royale, comme l’indique le journal de La Roque. Un dénombrement des habitants de l’Acadie française ou des villages de l’isthme, fait le 31 janvier 1752, indique une population de 1,473 âmes réparties comme suit : Baie Verte, 5 ; Pont-à-Buot, 5 ; Weskak, 64 ; Pré-des-Bourg, 24 ; Les Richard, 40 ; Tintamarre, 152 ; La Coupe, 34 ; Le Lac, 78 ; Beauséjour, 114 ; Memeramcouk, 246 ; Petkoudiack, 352 ; Chipoudy, 359.

Un autre dénombrement des Acadiens réfugiés, fait à la même date, nous donne les chiffres suivants pour le même district : Les Gaspareaux, 83 ; Baie Verte, 127 ; Le Portage, 18 ; Pont-à-Buot, 92 ; La Coupe, 15 ; Le Lac, 421 ; Pointe-à-Beauséjour, 93 ; Weskak, 37 ; Pré-des-Bourg, 37 ; Les Richard, 24 ;