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Le 31 août, une autre goélette de 90 tonneaux, Le Neptune, capitaine Jonathan Davis, arriva et se rendit immédiatement à Piziquid.

Deux autres transports, le sloop Elizabeth, 93 tonneaux, capitaine Nathaniel Mulburry, et la goélette Leopard, 87 tonneaux, capitaine Thomas Church, arrivèrent au bassin des Mines, le premier le 4 septembre et le second le 6. Il s’en suit que six vaisseaux seulement arrivèrent au bassin des Mines et à Piziquid, tandis que sept furent envoyés de la capitale du Massachusetts à Annapolis Royal. Au mois d’octobre il fut ordonné à ces sept vaisseaux de se rendre au bassin des Mines et à Piziquid, parce que les transports que Lawrence avait promis d’envoyer de Chignictou à Winslow n’étaient pas arrivés. Treize transports en tout furent donc envoyés de Boston, mais il faut ajouter à ce nombre la goélette Seaflower, 81 tonneaux, qui partit de Kitterney Point, Maine, pour la Grand-Prée, au commencement de septembre. Le propriétaire de ce vaisseau, le colonel Nathaniel Donnal (alias Dunniel ou Donnel), se rendit à cet endroit pour se faire payer des sommes que lui devaient depuis longtemps les Français neutres.

Quelques semaines après, on s’est servi de ce vaisseau pour transporter de la Grand-Prée à Boston, 206 personnes du district de Piziquid. Le 2 septembre, Winslow se rendit au fort Édouard, afin de s’entendre avec Murray au sujet de la sommation pour rassembler les habitants, tel que Winslow le mentionne dans son journal. Cette sommation reproduite dans les extraits du journal de Winslow qui forment l’appendice B, semble avoir été rédigée et traduite en français par Isaac Deschamps, marchand, d’origine suisse, établi à Piziquid, qui, en 1783, devint juge en chef de la Nouvelle-Écosse. Cette sommation enjoignait à tous les habitants de Piziquid, aux vieillards comme aux jeunes gens, y compris les jeunes garçons de dix ans, de se rendre au fort Édouard ; et à ceux du district de la Grand-Prée, de la rivière des Mines (aujourd’hui Cornwallis), de la rivière aux Canards, etc., « de se réunir à l’église de la Grand-Prée, le vendredi, 5 courant, à trois heures de l’après-midi, afin que nous leur fassions part de ce que nous avons reçu ordre de leur communiquer. »

Le lendemain Winslow se consulta avec ses capitaines et tous furent d’avis d’adresser la sommation aux habitants le jeudi matin, 4 courant. Le « Dr  Rodion » (il s’agit évidemment du Dr  Whitworth) fut chargé de cette tâche. Le 5 septembre dans l’après-midi, 183 Acadiens se rendirent au fort Édouard et 418 à l’église de la Grand-Prée. Il leur fut annoncé que « leurs terres et leurs maisons, de même que leurs bêtes à cornes et tous leurs bestiaux étaient confisqués au profit de la Couronne et qu’eux-mêmes allaient être déportés de la province ». Ils furent ensuite déclarés « prisonniers du roi. »

Cinq jours après, Winslow fit embarquer 141 jeunes gens et 89 hommes mariés sur les cinq transports qui se trouvaient dans le bassin. Par suite d’une erreur commise par Haliburton qui a déclaré que ces cinq transports partirent le 10 septembre, jour même de l’embarquement, plusieurs historiens anglais et français de mérite qui ont puisé leurs renseignements dans son ouvrage, ont