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Il n’est pas question de la famille de René Richard dans ce recensement de 1714. Était-elle éteinte ou avait-elle émigré à l’Île Royale ?… En effet, durant l’été de 1714, des agents du gouverneur de Louisbourg s’étaient tenus à Port Royal pour favoriser l’exode des Acadiens ; et les mesures tyranniques et arbitraires de Nicholson qui commandait à Annapolis, forcèrent plusieurs habitants à émigrer. Il est donc probable que quelques membres de la famille de René Richard suivirent le courant qui portait les Acadiens vers le Cap Breton. Mais, d’un autre côté, il est certain qu’il en restait encore au moins un à Port Royal en 1714, témoin cette lettre des Acadiens au major Caulfield, 22 janvier 1715, sur laquelle figurent les signatures de deux Michel Richard. Évidemment c’est le fils de René qui alors pouvait avoir 34 ans et celui de Michel ier qui en avait 31, qui ont signé cette lettre. Je suis donc incliné à adopter l’opinion de M. Pl. Gaudet qui prétend que la veuve Beaupré, mentionnée à l’article ii du recensement de 1714 n’est autre que Madeleine Landry, épouse de René Richard, qui aurait adopté le surnom de Beaupré, et que les trois DeBeaupré qui suivent, Pierre, Renée et Michel, sont ses enfants : contrairement à l’affirmation de M. Rameau qui croit que cette veuve Beaupré est Marie-Anne Martignon, veuve de Guillaume Bourgeois.

M. Gaudet appuie son opinion sur le fait qu’un descendant de cette famille Richard qui est allé s’établir à Memramcouk après la dispersion, était connu sous le nom de Petit René de Beaupré.

Mais un fait absolument concluant contre l’opinion de M. Rameau, c’est la présence sûrement constatée à Port Royal en 1714, des trois frères Richard, ayant chacun un enfant, tel que le montre un recensement à l’endroit de ces Beaupré, qui par dessus le marché portent les prénoms des trois Richard ; Michel, femme et un garçon, René, fem. et une fille ; Pierre, fem. et un garçon.

Voici un petit tableau collationné d’après les données des recensements de 1686 et 1714, et de notes supplémentaires fournies par M. Pl. Gaudet, qui va nous montrer combien sont légitimes les traditions de ces centaines de familles, aujourd’hui éparses dans la Province de Québec, dans les provinces maritimes et ailleurs qui se réclament comme descendantes de Michel Richard i dit Sans Soucy.

1o René, né en 1657, marié vers 1680, à Madeleine Landry, (de René et de Perrine Bourg) demeurant tantôt à Port Royal, tantôt aux Mines, eut cinq garçons.

2o Pierre, né en 1661, m. vers 1687 à Marguerite Landry (de René et de Perrine Bourg) paraît avoir toujours demeuré aux Mines, ainsi que ses enfants. Il eut 7 garçons et trois filles.

3o Martin, né en 1665, m. vers 1688 à Marguerite Bourg (de François et de Marguerite Boudrot) habitant de Beaubassin, eut six garçons et trois filles.

4o Alexandre, senior, né en 1668, m. vers 1690 à Élisabeth Petitpas (de Claude et de Catherine Bugard) resta à Port Royal et eut trois garçons et cinq filles.