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contraires, est en voie de se faire, et même elle est déjà arrivée, croyons-nous. Ces recherches se poursuivent encore, et, si les circonstances nous le permettent, nous nous efforcerons d’y contribuer pour notre part, et nous ne doutons pas que de nouvelles découvertes ne viennent bientôt déchirer tout-à-fait le voile qui obscurcit encore une partie de la vérité.

Si nous nous laissions entraîner par nos sentiments, nous voudrions que ce petit peuple acadien, dispersé, mais non anéanti, restât ce qu’il était autrefois, avec ses goûts simples et tout ce qui composait sa physionomie particulière chère à nos souvenirs ; mais la loi du progrès est là, se dressant devant lui, inexorable ; elle lui dit : marche ou tu seras distancé, écrasé peut-être ; il faut lui obéir, accélérer le pas, entrer en lutte, conquérir sa part du progrès ; conquête pénible cependant, qui hâtera sa disparition dans le grand tout homogène que prépare l’avenir. Mourir de sa victoire, tel est le sort lointain peut-être, mais inévitable, qui l’attend.

Le passé nous offre une leçon que nous ferions bien de méditer et de profiter. Elle s’applique non seulement au peuple Acadien, mais encore au clergé qui avait mission de le guider dans la voie spirituelle, et qui avait pouvoir pour le guider également dans la voie intellectuelle et le progrès. Avoir fait de lui ou contribué à en faire le peuple moral, sobre, laborieux, que nous connaissons, c’était certainement mériter grandement ; mais n’oublions pas que l’éducation est essentielle à l’avenir d’un peuple, elle l’était alors et l’est plus encore aujourd’hui. C’est cette simplicité naïve, résultat de l’ignorance, qui a été cause des projets formés contre lui et qui en a fait le jouet d’ambitieux sans cons-