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Dans sa lettre du 18 octobre, il leur annonce la déportation ; il le fait avec la même habileté, la même absence de sentiment qui caractérisent tous ses actes ; il est bref sur les détails, il en parle sur le ton d’un négociant qui expédie une cargaison de marchandises, et pour qui le temps et la dépense sont les seules préoccupations importantes. Écoutons-le :

« Depuis la dernière lettre que j’ai eu l’honneur d’écrire à vos Seigneuries sous la date du 18 juillet, les députés français des divers districts ont comparu devant le conseil pour donner une réponse définitive à la proposition qui leur avait été faite de prêter le serment d’allégeance à Sa Majesté : ils persistèrent à y opposer un refus positif. Et, bien que tous les moyens eussent été mis en œuvre pour tâcher de leur faire comprendre qu’il y allait de leurs véritables intérêts, et qu’un délai suffisant leur eût été accordé pour leur permettre de mûrir la décision qu’ils étaient en train de prendre, rien ne put les faire acquiescer à aucune des mesures exigées par l’honneur dû à Sa Majesté ou par la sécurité de la Province.

« Devant cette attitude, le Conseil en vînt à la décision de les obliger à quitter la colonie, et se mît à considérer immédiatement le moyen le plus rapide, le moins coûteux et le plus facile de donner à cette solution tout son effet pratique. Il nous fût aisé de prévoir que, les bannir par la force des armes au Canada ou à Louisbourg, ne se fût pas exécuté sans grands embarras[1] ; et que, si cela avait réussi,

  1. Comment le pauvre Lawrence peut-il lancer une telle affirmation, quand il savait bien pourtant qu’il n’eût pas été besoin d’employer la force pour jeter les Acadiens vers le Canada ou vers Louisbourg ? N’a-t-il pas été surabondam-