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Malo où vint les trouver M. de Peyrusse, qui emmena avec lui plus de cent familles. Elles demeurèrent quelques années sur les terres qu’il leur fournit, dans le Poitou, à Archigny, Cenan, Bonueuil-ma-Tour, Maillé ; mais le sol y était pauvre et toute la contrée avait un aspect morne et désolé qui contrastait péniblement avec les riches vallées et les riants décors de la Baie Française (Fundy). Au milieu de cet isolement muet et sauvage, ces familles ne pouvaient se river au sol et se consoler de leur chère Acadie et de tant de parents épars en tant d’endroits. Aussi, lorsque quelques années plus tard le gouvernement espagnol leur fit des propositions avantageuses pour un établissement en Louisiane, la plupart de ces familles, et un grand nombre de celles qui habitaient encore la France, s’empressèrent de les accepter. De 1784 à 1787, il s’établit un grand courant d’émigration Acadienne vers la Louisiane. Des quatre mille cinq cents personnes qui se trouvaient en France en 1763, il en resta à peine sept à huit cents ; ceux qui étaient à St-Domingue et autres îles des Antilles avaient déjà pris cette voie longtemps avant. Ce n’était donc que trente ans après la première déportation, et après avoir souffert toutes les angoisses de la séparation, de l’exil, de la mort, de la misère sous toutes ses formes, de tous les maux qui peuvent assiéger l’humanité, que cette population put enfin trouver un asile définitif[1].

  1. Note du MS. original : « Il serait impossible de préciser exactement ce qui restait dix ou quinze ans après la déportation de cette population de 18,000 âmes. Rameau, qui s’est livré à de patientes recherches sur la question, l’évalue à 11,500 vers 1766. En se basant sur l’augmentation naturelle des 50 années qui ont précédé la déportation, cette population, dans des circonstances analogues, eut été d’environ 27,000 en 1766, mais outre une diminution consi-