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rendu leur situation moins intolérable et où l’on retrouve encore leurs descendants[1].

« L’héroïque caravane qui s’était, dit Rameau, formée à Boston, avec l’intention de franchir les solitudes du Maine pour retourner en Acadie, se composait d’environ 800 personnes. À pieds et presque sans approvisionnements, ces pèlerins affrontèrent les périls et les fatigues d’un retour par terre, en remontant les côtes de la Baie de Fundy jusqu’à l’isthme de Shédiac, à travers 600 milles de forêts et de montagnes inhabitées ; des femmes enceintes qui faisaient partie de ce misérable convoi accouchèrent en route ; nous avons connu quelques-uns des fils de ces enfants de la douleur, et c’est de leur bouche que nous tenons le récit que leur avaient transmis leurs pères, nés pendant cette douloureuse traversée. »

« Jamais on ne saura tout ce que souffrirent ces malheureux, abandonnés et oubliés de tous, en se frayant une route dans le désert ; les longues années qui se sont écoulées ont éteint depuis longtemps les échos de leurs gémissements

  1. Le MS. original — fol. 878 — a la note suivante, empruntée à un passage de Casgrain, p. 207.

    « Le Général Sheridan était petit-fils d’un de ces Acadiens.

    L’abbé Robin, attaché comme aumônier à l’armée du Comté de Rochambeau, a tracé un tableau touchant de la petite colonie acadienne de Baltimore en 1781 : Ils conservent entre eux la langue française, sont demeurés très-attachés à tout ce qui tient à leur ancienne nation, surtout à leur culte, qu’ils suivent avec une rigidité digne des premiers âges du christianisme. La simplicité de leurs mœurs est un reste de celle qui régnait dans l’heureuse Acadie… La vue d’un prêtre français sembla leur rappeler leurs anciens pasteurs. Ils me sollicitèrent d’officier dans leur église. Je ne pus, en remplissant cette sainte fonction, me dispenser de les féliciter sur leur piété, et de leur retracer le tableau des vertus de leurs pères. Je leur rappelais des souvenirs trop chers ; ils fondirent en larmes. »