Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/369

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’adressèrent au magistrat de l’endroit pour en obtenir la permission de quitter le pays. Sur son refus, ils partirent quand même pour les îles St-Pierre et Miquelon, et, peu de temps après, 600 autres firent voile vers les Antilles. Wilmot ferma les yeux sur leurs préparatifs de départ, car il l’avait provoqué à dessein, et c’était tout ce qu’il désirait. Écoutons-le lui-même raconter ces incidents à Lord Halifax[1].

« Dans ma lettre du neuf novembre dernier, j’ai eu l’honneur de soumettre à Voter Excellence un supplément d’informations concernant le sort fait aux Acadiens, après que le serment d’allégeance leur eût été proposé, et que des offres d’établissement dans ce pays leur eussent été faites.

« Depuis ce moment, aucune proposition raisonnable n’étant capable d’éteindre leur zèle pour les Français, et leur aversion à l’égard du gouvernement anglais, plusieurs d’entre eux prirent bientôt la résolution de quitter cette province ; et ayant nolisé des vaisseaux à leurs propres frais, six cents personnes, y compris femmes et enfants, sont parties, au cours des trois dernières semaines, pour les Antilles Françaises. Et bien qu’ils eussent appris que le climat de ces régions eût été fatal à plusieurs de leurs compatriotes, qui s’étaient rendus là récemment de la Géorgie et de la Caroline, leur décision n’en fût pas ébranlée ; et le reste d’entre eux, qui est plus considérable que le contingent qui est parti, et qui est disséminé en différents endroits de la Province, forme le même dessein. »

Après une énumération des raisons qui lui font trouver ce départ avantageux pour la Province, il ajoute : « Tous

  1. N. S. D. P. 350-1. — Cette dépêche est du 18 décembre 1764.