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taine, de faire naître par là le dégoût des Acadiens pour un établissement dans le pays, et de provoquer leur départ volontaire ? C’est ce qu’il fit, et c’est ce qui arriva.

« On frémit, dit un historien[1], à l’idée du sort infligé à ces infortunés. Huit ans étaient révolus depuis qu’ils avaient été arrachés à leurs riches et paisibles demeures ; et après avoir enduré tant de souffrances et de fatigues pour y revenir, ils s’étaient vus arrachés de nouveau, traînés de prison en prison, déportés une seconde fois, et enfin ramenés pour être réduits à l’état de parias parmi leurs oppresseurs. »

Il y avait déjà quatre ans que la guerre était virtuellement terminée ; la France avait perdu ses colonies d’Amérique ; la paix définitive était même signée ; tout rapport entre les Français et les Acadiens, si tant est qu’il fut jamais à craindre, était devenu impossible ; ces gens avaient été décimés par le chagrin, la misère et la maladie ; ils ne formaient en tout qu’un misérable groupe de 1800 personnes[2] dont les cinq sixièmes étaient des femmes et des

  1. Le MS. original a ici le renvoi marginal suivant : Ce serait mieux de le nommer. Cet historien est Casgrain, loc. cit. p. 224.
  2. Le MS. original a la note suivante tirée de N. S. D. p. 346 : « Mémorandum communiqué aux Lords of Trade par Wilmot, 22nd March 1764.

    Number of familles of Acadians still remaining in the Province :

    Families Number of persons
    At Halifax and the environs 232 1056
    Kings County, Fort Edward 77 227
    Annapolis Royal 23 91
    Fort Cumberland 73 388


    405 1762

    In addition to the above there are 300 souls on the island of St . John.