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Si l’on tient compte des circonstances et des fausses représentations dont le Gouvernement de la Métropole fut l’incessant objet, de la part de Lawrence, Belcher et autres, on peut dire que son honneur sort à peu près intact de toutes ces persécutions. En examinant de près tous les incidents de cette triste épopée, nous pourrions peut-être faire remonter une certaine portion de blâme sur ceux qui avaient en mains les destinées de l’Angleterre, mais en même temps, nous ne devons pas oublier les temps, et la situation difficile dans laquelle se trouvait le Gouvernement de la Métropole ; nous ne devons pas oublier que ces gouvernants ont été l’objet d’une longue série de fausses représentations, et cela, au milieu des préoccupations d’une guerre longue et acharnée, et lorsqu’il leur était très-probablement impossible de soupçonner la conspiration qui faisait la base de ces persécutions.

Si faible que soit cette consolation pour ceux qui ont tant souffert, si pénibles que soient ces souvenirs pour leurs fils, néanmoins, nous nous raccrochons à cette pensée avec des sentiments qui en adoucissent l’amertume.

Si l’audace réussit souvent, — elle avait réussi à Lawrence, — rien, on le sait, ne réussit comme le succès. Belcher avait raté le sien ; son utilité, pour nous servir d’une locution parlementaire, avait cessé (his usefulness was gone). Il fut remplacé, peu de temps après sa déconfiture, par Wilmot, celui-là même que le Rev. Hugh Graham qualifiait de poor tool, et qui fit un jour payer le prix de vingt-cinq chevelures enlevées à des Acadiens, en disant « que la loi doit être renforcée et que ces choses s’imposaient ». C’était tomber de Charybde en Scylla. Les révolutions amènent à la surface des êtres moralement hideux ; il n’en est pas autre-