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tout prêts à se soumettre ; mais allaient-ils le faire, quand ils ne s’étaient liés par aucune promesse, et qu’ils avaient sous les yeux les indignes procédés dont on usait envers ceux qui étaient venus de Québec ? Puisque cette soumission devait entraîner l’emprisonnement et un sort plein de menaces, ne valait-il pas mieux conserver sa liberté, si précaire qu’elle fût, et même se faire l’ennemi irréconciliable d’une nation qui se montrait aussi implacable ?

Telle était donc la situation, et elle est aussi claire que peut la désirer quiconque veut se dépouiller de préjugés étroits et ouvrir les yeux à la lumière. Mais alors, se demandera-t-on, quel motif empêchait Lawrence, Belcher et Wilmot de suivre une ligne de conduite en apparence aussi simple et aussi raisonnable ? C’est en effet la question qui se pose et que beaucoup ont dû se faire avant nous, sans la résoudre d’ailleurs ; c’est-à-dire que l’on a reculé devant les difficultés qu’elle présentait, peut-être même devant une solution déplaisante, laquelle se dessinait avec trop de netteté pour qu’on ne pût l’entrevoir. À quoi bon se casser la tête sur des problèmes ardus, pour n’en recueillir que des résultats humiliants pour soi-même, au profit d’une petite population qui a probablement oublié son histoire, et dont aucun de ses membres ne se donnera la peine de scruter ce « chapitre perdu » ? — Pareilles raisons ne peuvent nous arrêter, nous ; nous voulons connaître le fonds des choses, tel qu’il est ; nous voulons projeter la clarté sur tout point obscur ; nous voulons saisir le pourquoi de tout ce qui a paru jusqu’ici inexplicable.

Nous voici précisément, encore une fois, en face d’un problème propre à dérouter l’esprit, et sur lequel il nous faut cependant faire la lumière. L’expliquer par la cruauté