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était bonne pour ce dernier d’assurer du coup la pacification immédiate, complète et définitive de la Nouvelle-Écosse, et de s’agréger une population laborieuse et morale, qui ne pouvait qu’aider au progrès et au développement de la province. Ces gens avaient soif de tranquillité ; ils soupiraient après la fin des hostilités pour voir un terme à leurs souffrances, reprendre la vie paisible d’autrefois, recommencer, s’il le fallait, dans une autre partie de la province, le long et pénible travail par lequel ils avaient acquis l’abondance dont on les avait injustement dépouillés. C’étaient ces motifs et ces espérances qui les avaient poussés à s’en remettre à la merci de Lawrence, dès la première annonce de la prise de Québec. Il eût été sans doute bien cruel de leur refuser leurs terres, lorsqu’à cette époque celles-ci étaient encore à peu près inoccupées ; mais nous sommes fermement convaincu qu’ils eussent accepté sans un murmure, ou du moins avec une soumission résignée, à défaut de leurs anciennes propriétés, des terres non défrichées, situées dans un endroit convenable.

Est-ce là ce qui leur fût offert ? À peine avaient-ils fait obédience au colonel Frye, que l’on décidait de les déporter ; mais afin de ne pas les alarmer ni empêcher leur réunion sous la puissance des troupes, on leur cacha cette décision aussi longtemps qu’il fût nécessaire. Dans l’intervalle, ils apprenaient le traitement indigne qu’avaient subi leurs frères venus de Québec sur la foi d’un permis. Toutefois ceux qui avaient promis de venir faire leur soumission tenaient à honneur de remplir leur engagement. Il restait encore un nombre assez considérable d’Acadiens sur la Baie des Chaleurs, et il y en avait aussi quelques-uns dans le haut de la rivière St-Jean ; eux aussi eussent été