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de la part de personnes exaspérées comme doivent l’être celles-ci par le traitement qui leur a été infligé[1]. »

Et il devait, en effet, en être ainsi. L’homme le plus doux, le plus paisible, lorsqu’il se voit acculé, sans motifs avouables, dans une impasse où tout son bonheur s’est évanoui ; lorsque ses biens, son pays lui ont été enlevés ; •lorsque sa femme, ses enfants, ont été arrachés du foyer et précipités dans l’infortune, sinon séparés de lui, et dispersés eux-mêmes loin les uns des autres, lorsqu’il voit qu’il n’a plus à ménager un ennemi acharné à la destruction complète de tout ce qui l’attachait à la vie, cet homme peut

  1. L’on peut faire dire ce que l’on veut à une phrase isolée de son contexte. L’auteur d’Acadie eût été bien empêché de soutenir l’opinion qu’il émet ici touchant la manière de voir des Lords, si, au lieu de citer une toute petite phrase de leur dite Lettre, il l’eut donnée au long telle qu’elle se trouve dans Akins ; et pour bien montrer le côté précaire de son raisonnement, nous allons suppléer à cette lacune :

    « We are extremely sorry to find that nothwithstanding the great expense which the public has been at in removing the French inhabitants, there should yet be enough of them remaining to molest and disturb the settlements, and interrupt and destruct our partys passing from one place to another ; it is certainly very much to be wished that they could he entirely driven out of the Peninsula, because until that is done, it will be in their power, by the knowledge they have of the country, however small their numbers, to distress and harass the out-settlements, and even His Majesty’s troops, so as greatly to obstruct the settlement of the Colony ; as to the conduct of the Southern Colonys, in permitting those who were removed to coast along from one province to another in order that they might get back to Nova Scotia, nothing coud hâave been more absurd and blameable, and hd not the governor of New York and Massachusetts Bay stopped them, there is no attempt however desperate and cruel which might not have been expected from persons exasperated as they must have been by the treatment they have met with. » Nova Sco. Doc. p. 304. — Cette page achève de nous édifier sur l’état d’esprit du cabinet de Londres. Il faudrait d’autres documents que celui-ci pour nous faire croire aux sentiments humains des Lords. Je ne vois pas comment l’on peut en inférer que cens-ci ont condamné la politique de Lawrence à l’égard des Acadiens. C’est le contraire qui est vrai.