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avec qui nous sommes en contact journalier. Si vive que soit notre pénétration, il arrive qu’elle se laisse prendre, et que la dépravation humaine dépasse la limite qu’elle lui avait fixée. Nous en avons ici un exemple. Ces pauvres habitants du Cap Sable pouvaient espérer qu’ayant toujours été les plus pacifiques des hommes, et n’ayant jamais fourni l’occasion de sévir contre eux, l’on ne viendrait pas les molester dans leur lointaine retraite. Mais il ne devait pas en être ainsi ; la cruauté de Lawrence n’avait pas encore atteint ses dernières bornes. L’hiver qui avait suivi l’embarquement à Grand-Pré et autres lieux n’était pas terminé, que le gouverneur donnait au major Prebble, en partance pour Boston avec son régiment, l’ordre suivant, qui n’a pas besoin de commentaires :

« … Il vous est ordonné par les présentes de jeter l’ancre au cap Sable, d’y débarquer avec vos troupes, d’y saisir tout ce que vous pourrez d’habitants et de les emmener avec vous à Boston, où vous les remettrez à son Excellence le gouverneur Shirley, avec la lettre qui accompagne cet ordre-ci. En tout cas, vous devez détruire et brûler les maisons des dits habitants, emporter leurs mobiliers et leurs divers troupeaux, dont vous ferez une distribution à vos troupes, en récompense de ce service. Vous détruirez tout ce qui ne pourrait être facilement emporté.

« Donné à Halifax, sous mon sceing et sceau ce 9 avril 1756.

Chas. Lawrence. »

« Par ordre de son Excellence

« Wm. Cotterell[1]. »

  1. Cf. N. S. Doc. P. 300. Dans le MS. orig. fol. 787, est donné le texte anglais. Nous en empruntons la traduction à Casgrain, Pèlerinage… ch. XI,