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française ; ou enfin, si l’on ne pouvait accéder à aucune de ces propositions, ils réclamaient une dernière faveur, celle d’être considérés et traités comme prisonniers de guerre. Pour empêcher d’être livrés à leurs propres ressources, ainsi qu’on les en menaçait, ils avaient joint à la requête dont nous venons de parler un mémoire où se lit ceci « Nous désirons que des mesures soient prises pour notre subsistance aussi longtemps que nous serons détenus ici. Si cette humble requête nous est refusée, et qu’on laisse mourir nos femmes et nos enfants sous nos yeux, jugez quelle sera notre douleur ! N’eût-il pas mieux valu pour nous mourir dans notre pays natal[1] ? » Leur prière ne devait cependant pas être exaucée, car la Législature décida que tous ceux qui étaient en état de travailler seraient distribués à travers la Province où « l’occasion leur serait donnée de se livrer aux labeurs et industries auxquels ils étaient accoutumés ». Cette résolution de l’Assemblée jeta la consternation parmi les exilés. Réduits à deux cent dix-sept, de quatre cent cinquante qu’ils étaient à leur départ de Grand-Pré et de Port-Royal, leur affliction en face d’une telle perspective ne connut plus de bornes. Ces femmes, ces maris, ces enfants, qu’on allait de nouveau séparer, se récrièrent avec indignation contre un pareil procédé. « Plutôt nous réunir dans la mort qu’être à nouveau démembrés, disaient-ils ! Nous travaillerons, si nous pouvons en avoir le courage et la force, mais nous resterons ensemble. » On leur offrit des terres.

  1. Encore ici, Richard — fol. 758 — cite en anglais et introduit sa citation comme ci-devant : « … ils adressèrent dans ce sens une requête à la Législature, laquelle se termine ainsi. » Il semble que ce soit une requête tout à fait différente de la précédente, tandis que Casgrain dit qu’il s’agit ici d’un mémoire adjoint à la dite requête et soumis à l’Assemblée en même temps.