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vue de cet ouvrage. Nous ne pouvons porter une appréciation sur son choix, mais nous devons supposer que ce choix a été t’ait avec discernement et à sa satisfaction : étant donnée l’intégrité de Brown, une telle conclusion s’impose. Les deux hommes auxquels il s’était adressé pour en obtenir des renseignements dont le but avait une extrême importance, étaient, sans nul doute, parfaitement au courant du sujet ; et il est certain qu’ils avaient pesé et mûri avec soin les opinions qu’ils avaient émises. Il semble même qu’ils avaient conscience de répondre à tout un questionnaire. Ni l’un ni l’autre n’avait intérêt à exagérer dans un sens favorable aux Acadiens : au contraire, en le faisant, ils eussent ajouté à l’odieux du rôle qu’ils avaient rempli à leur égard. L’on pourrait s’étonner que Parkman n’ait pas saisi cette occasion exceptionnelle de se renseigner à bonne source, si l’on ne savait déjà qu’il n’a même jamais mentionné le nom de Brown ou celui d’Haliburton, quand, à la faveur de l’incognito, il a fait la place si large à Pichon.

Moïse de Les Derniers et Brook Watson n’étaient ni poètes ni romanciers, et cependant Raynal n’a rien dit de plus qu’ils n’ont fait eux-mêmes. Comme a dit Rameau, « ce dernier a peut-être eu tort d’affubler ses renseignements dans le langage ampoulé du dix-huitième siècle, mais le ton seul en est faux et la chose est bien vraie[1]. » Les poètes, les romanciers, touchés des malheurs dont les Acadiens furent victimes après une longue période d’abondance et de félicité, ont pu les entourer d’une auréole d’idéalisme qui les

  1. Le MS. original — fol. 728 — oublie de signaler qu’il emprunte cette phrase à Rameau : il n’a ni guillemets ni référence ; cet oubli est réparé dans l’édit. anglaise (II, 198) où le renvoi est fait. Cf. Une Colonie, II, 97.