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qu’il écrivait son Histoire, soixante-quinze ans après la dispersion, les Acadiens avec qui il était en contact ne possédaient pas l’aisance des anciens jours. La lutte pour l’existence leur était pénible. Tolérés sur des terres de qualité inférieure, ils s’étaient fait pêcheurs, caboteurs. Leur situation n’était pas apte à favoriser un état de société aussi modèle que l’avait été leur passé. Cependant après avoir cité Eaynal, Haliburton ajoute :

« Voilà le portrait de ce peuple, tel que dessiné par Raynal. Plusieurs s’imaginent que nous avons là la représentation d’un état de bonheur social, qui n’est pas en accord avec les fragilités et les passions de la nature humaine, et que ce tableau est plutôt le fait d’un poète que d’un historien. Il est possible que dans sa description d’une scène de félicité campagnarde comme celle-ci, Raynal se soit laissé influencer par cette chaleur de sentiment qui le distinguait ; pourtant son tableau se rapproche beaucoup plus de la vérité qu’on ne le croit généralement. Dans les divers endroits des États-Unis où ils ont demeuré, une tradition fraîche et positive affirme leur caractère sans tache, paisible et scrupuleux ; et les descendants de ceux qui revinrent habiter dans leur terre natale à laquelle les attachaient des liens si chers, méritent toujours le nom de peuple doux, sobre et pieux[1] ».

Bien que cette opinion quasi contemporaine, pour respectable qu’elle soit, n’ait pas daigné attirer l’attention de Parkman, et que le nom de cet auteur si distingué n’ait jamais été cité par lui, nous nous permettons de retourner en arrière, au temps même de la déportation, pour produire l’opinion de personnes qui ont joué un rôle dans ce drame ;

  1. Hist. of N. S, I. P. 102-3.