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ralisations difficiles, dangereuses et puériles. À moins d’une évidence en quelque sorte palpable, et de s’être trouvé dans des circonstances exceptionnelles qui lui permettaient de se rendre un compte bien exact de la réalité, l’écrivain soucieux de la vérité ne se hasarde pas à des assertions de cette nature. Il est toujours facile à celui qui n’a en vue que de déprécier une nation de trouver quelqu’un qui, par légèreté, par caprice ou par mauvaise humeur, aura exprimé au sujet de cette nation des opinions allant à l’encontre de celles qui sont universellement reçues[1].

À suivre le procédé de Parkman, nous pourrions faire une triste peinture des soldats anglo-américains à cette époque, et cela sans nous donner la peine de sortir de la Nouvelle-Écosse, Parkman doit connaître l’opinion qu’entretenait à leur égard l’amiral Knowles, gouverneur de Louisbourg. Dans ses lettres au Secrétaire d’État, le duc de Newcastle, Knowles dit, par exemple : « Ici, tout le monde, depuis les généraux jusqu’aux caporaux, est vendeur de rhum. » Il traite les soldats de la Nouvelle-Angleterre de paresseux, de sales et d’obstinés ; il déclare se réjouir de voir qu’il va en être débarrassé, et plaint Warren qui a eu à traiter avec eux[2]. Les miliciens dont il parlait, se

  1. Nous ne pouvons vraiment insérer dans le texte les deux phrases qui suivent ! — fol. 719 — et vis-à-vis desquelles le traducteur a crayonné : « Trop fort ; cela indiquerait de la passion chez vous. » Voici ces deux phrases : « L’historien n’est pas un vidangeur qui ramasse indistinctement toutes les ordures qu’il rencontre. Ici cependant, l’assertion de Parkman nous paraît être de pure fabrication, c’est-à-dire que l’ordure serait ( ?) tirée de son esprit. »

    Je crois bien que ceci est trop fort !

  2. Cf. Murdoch., II. P. 97, où Richard puise ce renseignement. Murdoch ajoute, après avoir analysé assez au long la correspondance de Knowles, que